La crise des gilets jaunes et les débats ouverts en France sur une laïcité qui serait devenue illégitime ne seraient-ils pas d’abord une question de valeurs populaires ? C’est sur cette hypothèse que ce travail analyse les moeurs et les représentations, depuis ses origines au 19ième siècle, d’une communauté de pêcheurs du Languedoc au Sud de la France : les Sauvages des Cabanes de Palavas. Grâce un période d’évangélisation par l’Eglise et d’intégration par l’État de cette population misérable, une forte concordance apparait entre les valeurs traditionnelles et celles de la République jusqu’aux dernières décennies du 20ième siècle : qu’il s’agisse des valeurs collectives de l’État-nation ou des valeurs individuelles et communautaires. Alors que les pratiques religieuses sont intenses et occupent l’espace public, aucun conflit n’apparait s’agissant du patriotisme, de l’éducation, du mariage, de la conception des genres, des relations au marché et à l’argent, des valeurs de méritocratie ou des principes de liberté, égalité et fraternité. Les derniers développements s’interrogent sur les divergences contemporaines de ces représentations et de ces valeurs populaires avec une République devenue méconnaissable, en raison des épreuves infligées à l’État nation par la décolonisation, l’intégration européenne et une nouvelle page de la mondialisation économique et politique.