Les matières plastiques sont utilisées dans tous les domaines industriels de l'emballage à la construction, en passant par l'industrie automobile ou l’agriculture. Une conséquence de cette utilisation extensive et non réglementée est la présence ubiquitaire de déchets plastiques de toutes tailles dans les écosystèmes. La pollution plastique, en particulier la présence et les effets des microplastiques dans l'environnement, est étudiée depuis 1972 et suscite un intérêt scientifique croissant depuis les deux dernières décennies. Des microplastiques ont été décris dans pratiquement tous les environnements, des sédiments marins aux sommets de montagnes. Si l’activité urbaine est suspectée d’affecter la production et le devenir des microplastiques dans l'environnement, ses effets exacts restent mal établis. Cette thèse vise à apporter de nouvelles informations sur les relations entre les activités anthropiques, en particulier le trafic routier, et la déposition atmosphérique de microplastiques, ainsi que leur infiltration dans les sols en bordure de route. Tout d'abord, les choix méthodologiques de cette thèse sont présentés au regard de leur ancrage dans la littérature, avec un aperçu des défis actuels pour la quantification des microplastiques dans les environnements continentaux. Après une étape de collecte, les échantillons sont traités par séparation densimétrique à l’aide de NaI, et par digestion oxydative. Les microplastiques de chaque échantillon sont ensuite caractérisés et quantifiés à l’aide d’une analyse par imagerie cartographique micro-IRTF suivie d’un post-traitement par le logiciel logiciel SiMPle. L'impact des activités urbaines sur le transfert de microplastiques dans le compartiment atmosphérique est ensuite abordé. 5 campagnes de suivies des retombées atmosphériques globales ont été réalisées sur 4 sites d'intérêt comprenant des zones urbaines et rurales. Des résultats majeurs ont pu être notés. Tout particulièrement, des taux de déposition significativement plus faibles ont été mesurées dans un site urbain pendant un confinement lié à la covid-19 (médiane de 5,3 MP m-2 j-1) par rapport à une période d'activités normales sur le même site (médiane de 29,2 MP m-2 j-1). Lors de la comparaison de différents sites au cours de campagnes similaires, des taux de déposition plus élevés ont été observés dans les zones urbaines que dans les zones rurales dominées par l'agriculture. Les caractéristiques des microplastiques déposés ont également changé en fonction du niveau et du type d'activité, avec notamment des différences dans les polymères dominants et la distribution des tailles de microplastiques. Troisièmement, l'infiltration de microplastiques et de particules de pneus dans le sol d'une noue filtrante située le long d'une route à fort trafic a été quantifiée. Des échantillons de sol de la noue filtrante ont été manuellement prélevé par carottage, puis leur teneur en microplastiques et en particules de pneus ont été quantifiés à l'aide de deux méthodologies spécialisées. Des concentrations significativement plus élevées ont été mesurées en surface par rapport aux échantillons plus profonds, avec une diminution nette de la concentration suggérant que la majorité des particules ont été filtrées par le sol et sont restées près de la surface. Malgré des particules différentes avec des sources différentes, des profils verticaux similaires ont été observés pour les particules d'usure des pneus et les microplastiques, bien que les particules d'usure des pneus aient des concentrations significativement plus élevées que les autres microplastiques (médiane de 2,32 mg g -1 pour le SBR en surface, contre une médiane de 0,05 mg g -1 pour les autres microplastiques).Ces travaux contribuent à une meilleure compréhension des mécanismes de transfert des microplastiques et du rôle des vecteurs de transport et des réservoirs moins étudiés dans la contamination et l'accumulation des microplastiques dans les environnements urbains.