À partir de la moitié des années 1920, la doctrine des Compagnons de l’Université nouvelle évolue. Le projet se rapproche sur les plans pédagogique et institutionnel des propositions de L’Éducation nouvelle, des syndicats d’enseignants affiliés à la CGT, et des partis politiques de gauche. S’y ajoute un intérêt accru pour l’enseignement des sciences. Considéré par certains comme le vecteur d’un ensemble de connaissances devant être désormais intégré à la culture générale, cet enseignement constitue aussi un terrain où des méthodes concrètes et actives sont mises en œuvre ; il est également une voie d’ascension intellectuelle et sociale pour les enfants de familles exclues de l’ordre secondaire. Certains de ses promoteurs s’engagent ainsi aussi dans la défense de l’école unique. Ce chapitre étudie la porosité des réseaux mobilisés dans les combats politiques, scientifiques et éducatifs de l’entre-deux-guerres et montre plus particulièrement le rôle pris alors par L’Enseignement scientifique, une revue située à l’intersection des milieux scientifiques et enseignants. Tout en signalant le caractère non-homogène du milieu scientifique de l’époque, l’étude permet néanmoins d’identifier des personnalités qui œuvrent à l’intégration institutionnelle d’idées éducatives nouvelles et réformatrices et conclut en évaluant la portée de cette dynamique jusque dans les années 1950.