D’après les experts du Groupe d’évaluation scientifique sur la destruction de l’ozone mandatés par l’Organisation des Nations unies (ONU) et l’Organisation météorologique mondiale (OMM), la couche d’ozone est aujourd’hui sur la voie de la guérison. Cette évolution heureuse est liée à la réduction des Substances appauvrissant la couche d’ozone (SAO) qu’a mise en œuvre le protocole de Montréal (1987). Après des hausses spectaculaires au cours des décennies 1960-1980, les émissions mondiales de SAO chlorées et bromées ont diminué de 11 % et 15 % respectivement entre 1993 et 2020. Lorsque l’on jette un regard rétrospectif depuis notre époque inapte à traiter une question climatique affichée partout et sans cesse, on est frappé par la comparative efficacité de la protection de la couche d’ozone, alors que la problématique est restée périphérique dans les arènes scientifiques, politiques et médiatiques, y compris au cours des périodes 1974-1978 et 1985-1990 où la réglementation des SAO a suscité les débats les plus vifs. Le présent article détricote cet apparent paradoxe en croisant les travaux historiques sur les gouvernances de l’ozone et du climat. Cet exercice est instructif à plusieurs égards et permet de se départir de l’illusion de reproduire la success story de la protection de la couche d’ozone dans le cas du changement climatique, comme ceci est parfois proposé.