Donner naissance en Haïti est un phénomène complexe, et le post-partum est si chargé qu’il peut faire monter le sang dans le lait des femmes (lèt pase nan san). Il est souvent présenté comme une période de fragilité, alors que les femmes haïtiennes sont parallèlement décrites comme des femmes fortes, le pilier des familles marquées souvent par la grande pauvreté et l’absence des hommes. En fonction de leur place dans les différents rapports sociaux croisés, les femmes ne vivent pas pareillement les fragilités physiques, sociales ou psychiques que cette période peut contenir. Je regarderai le cas particulier des femmes d’origine rurale interrogées dans le cadre de mes recherches ethnographiques en Haïti allant de 2006 à 2015. Dans ces recherches, je propose régulièrement des entretiens individuels ou en groupe et j’adapte ma méthodologie à une approche socioclinique, féministe, matérialiste, intersectionnelle et internationale.