Le lien entre la production de son par les instruments à anches et les actions du musicien est étudié à travers des simulations numériques appliquées à un modèle physique et complétées par des expériences. On se concentre sur la dynamique non linéaire du modèle, comme l’un des enjeux majeurs reliant les caractéristiques acoustiques passives de l’instrument à sa jouabilité. Des interprétations liées à la facture instrumentale mais aussi à des applications musicales temps-réel de la synthèse sont proposées. On développe une approche numérique basée sur deux méthodes. Premièrement, la synthèse temporelle permet des études à grande échelle des phénomènes transitoires et des régimes établis, avec l’avantage d’être interprétable directement en termes d’actions du musicien. Deuxièmement, la Méthode d’Équilibrage Harmonique associée avec la continuation (Méthode Asymptotique Numérique) permet d’explorer l’espace des paramètres de contrôle en suivant les branches de solutions périodiques stables et instables. Cette méthode met en évidence des bifurcations qui marquent l’apparition ou la disparition de régimes oscillants. Les bifurcations de Hopf et fold sont suivies par continuation, en codimension 2. On compare la dynamique simulée numériquement aux phénomènes observés en situation de jeu et mesurés par un bec instrumenté. Dans ce cadre, des formes archétypales de régimes d’oscillations sont étudiées et liées aux paramètres de contrôle du musicien que sont la pression d’alimentation et l’appui de la lèvre sur l’anche. Les régimes à deux états dits standard, inversé, et double, sont analysés expérimentalement et numériquement. On étudie également le phénomène de multistabilité, où plusieurs régimes sont stables pour une seule valeur des paramètres de contrôle. Le régime établi dépend alors de l'histoire du système : oscillations préétablies, changement de doigté, variations des paramètres de contrôles. On propose de prendre ces considérations en compte dans une description globale des régimes produits par un modèle d'instrument à anche.