Voici un livre indispensable au moment où nous sommes envahis par d'innombrables articles et ouvrages écrits par des spécialistes autoproclamés de l'IA et où toute méthode informatisée est baptisée abusivement du nom d'IA. Axel Cypel dont le précédent opus 1 avait été remarqué, sait lui de quoi il parle et il le fait avec un bonheur d'expression et un humour qui m'ont réjoui. Il est rassurant de voir un expert dire sans fard certaines vérités et dégonfler maintes baudruches conçues par un marketing habile. L'utilisation d'expressions ambigües, dont la première est bien sur celle d'intelligence artificielle, est à l'origine de bien des fantasmes comme « la figure du cerveau en tant que supposé modèle d'inspiration ». Les nuages de fumées cachent aussi des intérêts économiques bien réels car l'IA est un business, et on ne peut que saluer les efforts de l'auteur pour rendre ses lecteurs plus clairvoyants et moins naïfs. J'ai trouvé d'un intérêt tout particulier le chapitre final, empreint d'humanisme, sur les risques de l'IA: on y trouve des réflexions sérieuses sur l'influence réelle ou supposée de l'IA sur l'emploi allant au delà des analyses catastrophistes (destruction d'innombrables emplois) ou d'un optimisme béat (sur la complémentarité homme-machine). Les discours sur l'IA éthique et la constitution de comités d'éthique participent d'un grand bal des hypocrites (ethics-washing) pour éviter aux acteurs dominants du numérique d'être soumis à des régulations 2 , bal auquel sont conviés des chercheurs de bonne foi proposant des dizaines de mesures d'équité des algorithmes, d'ailleurs contradictoires entre elles. Mais parlons maintenant un peu plus en détail du contenu du livre.