Les enseignants de la formation professionnelle (FP) du secondaire au Québec vivent une insertion atypique dans le milieu de travail et souvent parsemée de défis particuliers (Deschenaux et Tardif, 2016 ; Roussel, 2016). Embauchés dans les centres de formation professionnelle (CFP) sur la base de leur expertise dans le métier enseigné et, pour la plupart, sans avoir reçu au préalable de formation en pédagogie, ce n'est qu'une fois en poste qu'ils ont la responsabilité de se former à l'enseignement en entreprenant un baccalauréat en enseignement professionnel. Si de plus en plus de CFP mettent en place des mesures d'accompagnement afin de faciliter cette transition difficile, force est de constater que les nouveaux enseignants du secteur professionnel expriment toujours des besoins importants de soutien et sont à la recherche de mesures leur permettant d'accroître leurs compétences professionnelles en enseignement. Or, si quelques rares études se sont intéressées aux dispositifs pouvant faciliter le développement des compétences de ces enseignants (Coulomb et al., 2016; Gagnon et Mazalon, 2016), ce champ de recherche demeure encore très jeune au Québec et plusieurs questions demeurent : comment peut-on soutenir ces nouveaux enseignants dans leur transition et de quelles façons peut-on faciliter l'expression et le développement de leurs compétences professionnelles ? C'est dans le but d'offrir des pistes de réponses à ces questions qu'un projet de recherche, financé par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH), s'est intéressé à mettre en lumière le processus par lequel les nouveaux enseignants du secteur professionnel arrivent à développer leur sentiment d'efficacité personnelle lié à leurs pratiques enseignantes. Pour ce faire, une vingtaine d'enseignants de la FP ont participé à une entrevue semi-dirigée afin de témoigner de leur expérience d'insertion. Les résultats présentés témoignent de différentes stratégies qui leur ont permis de maintenir ou de développer leur sentiment d'efficacité.