Dans nos sociétés, « s‟orienter » signifie gouverner son parcours professionnel (et de formation) et, plus largement, concevoir, construire et conduire sa vie. L‟individu en est personnellement responsable. À cette fin, il lui faut s‟engager dans des processus réflexifs mobilisant certaines compétences qu‟il a construites à l‟occasion de ses diverses expériences. Celles-ci varient en fonction de sa position sociale et de son sexe. C‟est pourquoi le volume et la nature des compétences qu‟une personne détient pour s‟orienter peuvent être sans commune mesure avec ceux d‟une autre. L‟organisation de l‟école française avec ses procédures de sélection et de répartition des élèves ne leur permet guère de construire ces compétences requises pour s‟orienter aujourd‟hui. Trois types d‟aide peuvent accompagner les personnes dans leur activité de s‟orienter : des informations, des approches psychopédagogiques et des interactions dialogiques de conseil. Ces dernières visent à aider les bénéficiaires à définir les repères fondamentaux (et à développer des modes de rapport à eux-mêmes et à leurs diverses expériences) nécessaires pour s‟autodéterminer dans nos sociétés. Cette conception de l‟orientation est souvent perçue par les plus démunis comme une violence qui leur est faite. On peut s‟interroger sur ses limites : dans un monde en crises, le souci d‟autrui et du bien commun ne devrait-il pas trouver sa place au cœur même de la réflexion sur le gouvernement de soi ?