L’économie collaborative et le développement de plateformes d’échanges ont conduit à la diffusion de nouvelles pratiques de consommation, de production et de financement. Les formes diverses que peut prendre cette économie sont encore peu appréhendées par la recherche en sciences humaines et sociales. Quelles formes émergentes d’économie collaborative ? Quelles conséquences sur les modalités d’emploi, les conditions de travail et la protection sociale des travailleurs collaboratifs ? La recherche de Yannick Fondeur croise trois champs porteurs d’enjeux majeurs en termes de travail et d’emploi : le freelancing, régulièrement présenté comme la plaque avancée de « l’avenir du travail » (Future of Work) ; la plateformisation et l’« économie collaborative », vecteurs supposés d’une transformation profonde des formes productives et d’emploi ; les métiers du numérique, segment « en tension » du marché du travail et réservoir supposé d’emplois qualifiés pour les années à venir. La focale est portée sur le secteur de la prestation de services intellectuels aux entreprises, et plus particulièrement sur les développeurs indépendants, souvent désignés comme les nouveaux « sublimes » en références aux ouvriers très qualifiés du XIXe siècle, imprimeurs ou mécaniciens, qui pouvaient, dans une configuration de marché qui leur était favorable, maîtriser leurs engagements et leur mobilité, concilier travail et projets personnels.